Portrait d’Advisory Board : Daouda FALL
Aujourd’hui avec Daouda FALL, Président-directeur général, Brahms Group, Guinée & Sénégal.
En tant que président-directeur général chez Brahms Group, société d’investissement et développeur de projets en Afrique de l’Ouest, opérant du secteur de l’agroalimentaire et l’énergie, comment votre entreprise prévoit-elle de tirer parti des opportunités dans le secteur de l’agroalimentaire au Sénégal, compte tenu des défis socio-politiques actuels et de la nécessité croissante de sécurité alimentaire dans le pays ? La sécurité alimentaire fait partie intégrante des priorités de l’Etat du Sénégal. La volonté du Gouvernement de développer le secteur agro-industriel nous permet de bénéficier d’un soutien administratif et politique fort. A titre d’exemple, pour améliorer la logistique et la mobilité dans la zone, l’Etat se charge de la mise en place d’une route entre la ferme et la première grande ville voisine. C’est donc cette volonté politique qui va contribuer à pérenniser notre investissement. Le Sénégal est un importateur net de ces besoins en produit alimentaire et la question de la souveraineté alimentaire est prépondérante au vu de la croissance démographique du pays. Notre projet qui est d’une envergure conséquente nous permet de réaliser des économies d’échelle et ainsi d’être compétitif vis-à-vis des importations. Cela sera bénéfique pour les consommateurs locaux.
Quelles perspectives pouvez-vous partager quant à l’impact attendu de ce projet sur le phénomène d’urbanisation et d’immigration au Sénégal, ainsi que sur l’économie nationale ? Dans le cadre de notre politique de Responsabilité Sociétale d’Entreprise nous espérons avoir un impact considérable au niveau économique, social et environnemental afin d’atténuer le phénomène d’urbanisation et d’immigration que l’on connait. En travaillant localement, au niveau économique l’impact sera à travers la création d’emplois direct et indirect mais aussi avec la création d’un centre de formation technique. Au niveau social, l’impact sera à travers la mise en place d’un centre de santé. Quant à l’impact environnementale il sera principalement à travers la mise en place d’une centrale solaire distribuant de l’énergie propre aux communautés. Nous allons également mettre en place un programme de développement communautaire, dont la gestion se fera en concertation avec les autorités locales, pour répondre au besoin des communautés de la zone. Pour le national, l’impact sera principalement économique avec un impact positif sur la balance commerciale en réduisant les importations de céréales notamment. Tous ces facteurs combinés, en travaillant localement, devraient permettre d’atténuer les phénomènes d’urbanisation et d’immigration que l’on connait en favorisant le développement local.
Vous êtes aussi à la tête de la Société de Raffinage Guinéenne, pourriez-vous nous donner un aperçu des progrès récents et des développements significatifs concernant le projet de construction de la première raffinerie de pétrole en Guinée, signé en juin 2015, en collaboration avec l’état Guinéen et votre société helvétique Brahms Oil ? Ce projet est l’exemple type des difficultés que l’on peut rencontrer en Afrique lorsqu’il s’agit de monter des projets d’infrastructures dans le secteur des hydrocarbures. A ce jour, bien que nous ayons dépensé plus d’une dizaine de millions de dollars, nous avons dû nous arrêter avec la COVID, qui a engendré une hausse des coûts de constructions en 2020, ensuite en 2021 il y a eu une crise politique qui a également eu un impact sur le projet et enfin la hausse des coûts de financement a également contribué à ralentir le développement de ce projet stratégique pour la Guinée. Malheureusement, les projets d’infrastructures, notamment dans le secteur des hydrocarbures, dépassant la centaine de million en Afrique sont trop facilement impactés par la conjoncture économique internationale et par la vie politique locale. En conclusion, pour palier à cela nous avons dû revoir la physionomie du projet en le restructurant et nous allons le développer par phase. Dans un premier temps, la phase initiale va consister à monter le port et des infrastructures de stockages et ensuite la raffinerie.
En tant que membre de l’Advisory Board, quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes décideurs issus du continent ? Principalement qu’ils continuent de croire en leur rêve et continuent de faire preuve d’abnégation. Ce sera à force de travail et sacrifice que l’on arrivera à faire émerger nos pays.
Que pensez-vous de l’impact du classement Choiseul 100 Africa, qui célèbre sa 10ème édition cette année, ainsi que celui du Choiseul Africa Business Forum, dont la 5ème édition aura lieu cet automne, sur le développement économique de l’Afrique ? Choiseul est une grande famille de leader économique d’Afrique dans son entièreté et grâce à cette plateforme des liens se tissent d’Est en Ouest et du Nord au Sud. Les échanges que l’on peut avoir entre choiseliens permettent de partager des expériences mais aussi de développer des liens d’affaires. Grâce à Choiseul, il n’y a plus vraiment de frontière car on partage les mêmes valeurs, ambitions et donc on peut investir dans d’autres pays en ayant des points focaux pour nous soutenir.