Portrait d’Advisory Board: Réda Boulos
Aujourd’hui avec Reda Boulos (Egypte), Directeur général Egyptian African Arab CO. For Development (EGGAD).
Egyptian African Arab Co. for Development (EGAAD) est un consortium regroupant les plus grandes sociétés en Égypte, comment le consortium contribue-t-il au développement socio-économique de l’Afrique à long terme ?
Le développement socio-économique de l’Afrique à long terme est la mission prioritaire du consortium EGAAD. Son slogan « Construire l’Afrique par les africains », retranscrit cet engagement qui consiste à se baser majoritairement sur les forces vives du continent. Cette idée découle d’un constat simple : les autres continents ont vu leur niveau de développement atteindre des sommets dès lors que leurs entreprises ont eu l’opportunité de saisir de grands défis et d’accroitre leurs capacités aussi bien financières que techniques. C’est cela, combiné à des transferts de compétences internationales qui permettra à l’Afrique de se développer socio-économiquement sur le long terme.
Comment mettons-nous cela en œuvre concrètement ?
Le consortium EGAAD est basé en Égypte et est un consortium composé majoritairement d’entreprises égyptiennes parmi les plus importantes du marché dans le domaine du développement des infrastructures et ce, dans des secteurs très variés, allant de la construction à la digitalisation, de la gestion des ports et de la logistique à l’exploitation minière, en passant par la santé et la transformation agricole et énergétique.
EGAAD met ainsi au service des membres du consortium son expertise en ingénierie d’affaire et en ingénierie financière pour leur permettre de gérer leurs investissements de manière rentable ; cela tout en permettant à des projets trop complexes pour le secteur public ou pour une entreprise seule de voir le jour, grâce à la coordination opérée par EGAAD entre les différentes parties prenantes : les instances gouvernementales, les financeurs et assureurs, ses entreprises membres et les sous-traitants locaux, dans une dynamique complémentaire. EGAAD met un point d’honneur à augmenter le contenu local en sélectionnant des sous-traitants locaux pour participer à créer des champions locaux dans chaque pays d’intervention. L’action d’EGAAD contribue ainsi à un cercle vertueux, à la fois d’autonomisation par le transfert de compétence, et de durabilité en suscitant un élan de croissance découlant du développement d’infrastructures attractives pour l’investissement.
Le développement d’infrastructures est une plus que jamais une priorité sur le continent africain, pouvez-vous nous parler des solutions que vous proposez pour surmonter ces défis et l’importance d’investir dans ce domaine ?
Comme l’eau et l’air sont essentiels à la vie, les routes et l’énergie le sont à la survie et à l’épanouissement économique des pays. Le développement des infrastructures en Afrique est donc effectivement plus que jamais une priorité, si ce n’est LA priorité compte tenu de la poursuite des objectifs du développement durable qui guide désormais toute initiative publique. L’investissement dans les infrastructures est une prémisse essentielle au développement socio-économique des populations locales. Il est aussi vrai que le développement des infrastructures en Afrique ne se fait pas sans surmonter un certain nombre de défis spécifiques. Nous pouvons ici en évoquer deux à titre d’exemple. Premièrement et c’est un défi majeur, ce sont les limites imposées par le FMI sur les pays d’Afrique. Ces limites constituent un frein gravissime au développement de projets d’intérêt général. C’est pourquoi nous rencontrons le plus de succès avec le format PPP sous le modèle EPC+F, le F étant toujours une combinaison de financements provenant de fonds locaux et multilatéraux. C’est un modèle qui est aussi plus favorable aux projets de très grandes envergures qui permettent d’impliquer plusieurs entreprises en synergie. Cependant nous travaillons aussi beaucoup sous le format des concessions avec garanties souveraines. Deuxièmement, la corruption, la mauvaise gouvernance, le manque de coordination régionale sont autant de frein à la réalisation d’infrastructures ambitieuses et porteuse de changement. Chez EGAAD, nous favorisons les projets présidentiels jugés « prioritaires » par les instances locales. Cela nous permet de garantir un suivi et une coordination détachée des possibles rivalités de services. Finalement, EGAAD met tout en œuvre pour fournir les clefs permettant de résoudre les défis posés par le développement des infrastructures du continent africain en se positionant comme un vecteur de collaboration incontournable.
En considération de votre engagement envers le développement durable en Afrique, comment envisagez-vous d’aligner vos projets d’infrastructures sur les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies (ODD), et quelles stratégies privilégiez-vous pour assurer une approche véritablement durable dans ces initiatives ?
L’approche d’EGAAD repose sur un modèle à 3 piliers que sont la complémentarité, la triangulation et l’inclusion. Cette stratégie nous permet de favoriser un développement économique et social durable sur le continent et, nous en sommes convaincus, contribue à la réalisation des ODD.
Tout d’abord, le modèle d’EGAAD est inspiré du Sogoshosha / Kereitsu japonais : EGAAD fonctionne à la fois comme une société commerciale générale, c’est-à-dire une sorte d’intermédiaire qui promeut l’exportation du savoir-faire égyptien, et comme une plateforme de coordination des alliances entre les membres du consortium EGAAD. Ce modèle favorise la collaboration, la stabilité et le partage équitable des ressources.
Ensuite, EGAAD croit en l’importance de la triangulation avec l’Europe en particulier pour ce qui est du financement et de la technologie. Ce type de partenariats permettent d’accéder à des financements diversifiés et des technologies de pointe tout en favorisant les transferts de connaissances et de compétences.
Enfin, EGAAD implique une composante locale d’au moins 30% dans tous ses projets et veille à ce que toute ses initiatives soient pourvoyeuses d’opportunité de formation et d’emploi. Cette approche inclusive contribue à renforcer les tissus sociaux et économiques des communautés touchées par nos projets.
En tant que membre de l’Advisory Board, quel message souhaitez-vous adresser aux jeunes décideurs issus du continent ?
Aux jeunes décideurs du continent africain je tiens à dire qu’ils doivent s’engager pour un avenir meilleur, ne pas craindre de prendre des positions audacieuses et créatives, pour être des agents de changement positif. Ensemble, nous pouvons relever les défis qui se présentent à nous, l’Afrique a toutes les clefs pour devenir le continent le plus prospère et ce, de manière durable. C’est à eux que revient la mission d’inscrire dans la durée les initiatives lancées aujourd’hui.